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vécut encore quatre ans dans l’abandon et l’ignominie, et mourut à sa campagne sur la fin de 1693. »

CAMPANE, s. f., terme de canuserie. — Sorte de mécanique à dévider.

Gn’i a que l’apprentiss’ qui tout le jour se cancane
Et voit z’avec plaisi reposer sa campane.
(Pétition des canuts de Lyon
à M. de Saint-Criq.)

Métathèse de pancane (voy. ce mot), qui est la forme véritable.

CANANT, ANTE, adj. — « Délicat, divertissant, très agréable, » dit le glossaire d’Ét. Blanc. Nous sons allés aux Charpennes dimanche soir. Y avait des petites feuilles. C’était canant (les canuts ont toujours eu des goûts champêtres). — Parait avoir été forgé au xviiie siècle. Peut-être le primitif a-t-il été caner, flâner, mot à mot marcher en se dandinant comme les canes, que les dérivés se cancaner, se lenticaner, ont fait disparaître. De caner on aurait tiré canant, avec une dérivation du sens de flâner, à celui d’être agréable en général, rien n’étant plus agréable que de flâner.

CANANTE, s.f, — Une bonne-amie. Je l’ons vu dimanche que se baladait à la vogue de Vaise avè sa canante. — De canant, parce qu’une canante, dans les commencements, c’est tout ce qu’il y a de plus canant, mais dans les commencements seulement.

CANARI. — Changer l’eau de son canari, parlant par respect. Euphémisme délicat pour Évacuer le superflu de la boisson. Quoique ça, il est familier.

CANARETTE, s. f. — Femelle du canari. Y a ma canarette que s’est ensauvée.

CANCANER (SE), v. pr. — Se bambaner, marcher nonchalamment et en se promenant. — Composé avec la répétition de cane. Se cancaner : marcher comme les canes.

CANCORNE, s. f. Une raffouleuse, une radoteuse, une bigorne. Les filles bien élevées et qui couratent, quand leur maman les gronde, elles l’appellent cancorne. — Forézien cancorna, hanneton, parce que le hanneton bourdonne et que la cancorne bougonne. L’origine est quinquerne pour guinterne, vielle, forme nasalisée de guiterne, de cithara. Quinquerne à passé à cancorne sous l’influence de corne, les cornes étant caractéristiques du hanneton.

CANE. — Quand les canes vont en champ, la première va devant. Proverbe dont j’ai plusieurs fois vérifié l’exactitude.

CANEÇON, s. m. — Caleçon. Voy. jacquette.

CANER, v. n. Reculer, manquer de courage. Nombre d’hommes canent devant leurs femmes. — La plupart des étymologistes ont cru que le mot venait de l’idée de faire la cane, se dérober en plongeant. C’est ainsi que l’ont employé Rabelais et Montaigne. Il y a en réalité deux expressions : l’une caner, se dérober en plongeant ; l’autre caner, qui est une forme de caler (calare), céder, mollir. Comp. caler la voile.

CANETIER, ÈRE (canequié), s. — Celui on celle qui fait les canettes.

CANETIÈRE, s. f. — Nouvelle machine avec laquelle je me suis laissé dire qu’on peut faire vingt ou trente canettes à la fois tandis qu’avec le rouet il fallait les faire à cha-une. Je ne désespère pas de voir un jour une invention pour faire vingt ou trente enfants à la fois. En attendant, nous gaussions le vieux père B…, le canut, qui était connu pour chasser à la caille coiffée. Oh, qu’il nous fit, j’ai monté ma canetière au grenier. Elle était toute détraquée. J’ai pas trouvé de battandier pour y raccommoder.

CANETTE, s. f. — Littré dit : « Petit tuyau de bois ou de roseau qu’on charge de fil ou de soie pour faire la trame d’une étoffe. » Définition qui s’applique proprement au quiau sur lequel s’enroule la soie. La canette, c’est l’ensemble du quiau et de la soie. Chômer de canettes, Ne pouvoir passer la navette faute d’avoir des canettes.

— Vient de ce que, primitivement le quiau, au lieu d’être en carton, était fait d’un tronçon de canne mince, c’est-à-dire de roseau. Canette, petite canne.

CANEZARD, s. m. — Mot employé quelquefois pour canut, dont il est un dérivé de fantaisie, comme épicemard, pharma-