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BIBLIOGRAPHIE 399

l’oubli qui est le véritable linceul des morts ; c’est celui-là qui serre le cœur; cest le lendemain tranquille, et la vie qui reprend son cours sur la tombe à peine fermée.

Obermann à Indiana ".

A ce volume est jointe une lettre de Sénancour adressée à « Monsieur, Monsieur Sainte-Beuve, rue du Mont-Parnasse, 1 ter » et dont voici quelques lignes :

« Mon billet remerciera mais bien trop minimement Monsieur Sainte-Beuve au sujet de sa très grande complaisance d’avoir interrompu ses occupations pour dire avec son heureuse manière habituelle et sa complaisance déjà si connue un précieux bonjour à Mr. Obermann malgré son nom teutch-welche ».

Voici une lettre, sans date — le timbre de la poste est illisible — adressée , à Ferdinand Denis, qui se rapporte à cette édition :

Mon cher Denys,

J’ai été hier matin chez M. de Senancour. J’ai vu les mutilations qu’il va faire à Oberman. J’ai parlé pendant une heure aussi énergiquement et vivement que je pouvais contre. Les plus belles et naïves effusions de couleurs si rares dans la littérature de 1804, et qui font de M. de Senancour, un des pères de l’émancipation littéraire, sont comme grattées avec effort et font place à un dessin de plomb didactique et classique. C’est Oberman publié et corrigé par M. Jay. Qu’y faire? Seulement, comme M. Ledoux, à ce qu’il paraît, a mêlé mon nom à une des annonces, je le prie de l’ôter et ne l’autorise en rien à’ s’en servir. Quand j’ai écrit d’Oberrnan, ce n’est pas de celui-ci, du nouveau, c’est de l’ancien. Je ne veux me prêter en rien à ce regrattage.

M. de Senancour traite ce beau poème comme il ferait un traité de physique, qu’on corrige et augmente après 20 ans. J’ai pris avec lui le Lac, de Lamartine, et je lui ai dit : Voyez, si Lamartine voulait retoucher ces flots, ces ondes, qui sont répétés à chaque vers, ces inexactitudes, il ferait du beau. — Il a prétendu que Lamartine ferait bien. — En un mot, dites à M. Ledoux de ne mêler en rien mon nom aux annonces, autrement je dirais mon avis dans les journaux sur le nouvel Oberman. Je le dirai même sans cela. C’est pour moi une affaire de principes littéraires et de conscience poétique. C’est comme si on s’appuyait du nom de Vitet ou tel autre critique d’art pour badigeonner une église gothique.

Adieu, mon cher Denys et à tous de cœur.

STE-BEUVE. Mes respects à Mademoiselle Denys et à M. Arsène.

Suscription : Monsieur Ferdinand Denys,

rue Notre Dame des Champs, 21.

77. — OEuvres de Molière, précédées d’une Notice sur sa vie et ses ouvrages, par M. Sainte-Beuve; vignettes par Tony Johannot. Paris, Paulin, (Imp. E. Duverger), 1835-36 ; 2 vol. gr. in-8.