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J38 LE LIVRE DE MARC POL.

deffendoient 3 ; mais il, pour sa grant prouesce, lot. Et pour ce que par droit et par raison il la devoit avoir, si comme droiz hoirs de emperial ligniee de quoi d il ot la seigneurie, et a régné quarante deux e ans jusques à ore, que court mil deuscent quatre vingt dix et huit f [du jour de Crist] que il commença. Et puet avoir d’aage bien entour quatre vingt cinq ans ; si que il povoit avoir d’aage quant il entra en son siège 8 entour quarante trois ans, avant que il fust seigneur (4). Il aloit en lost, avant, pluseurs fois et estoit proudome d’armes et moult bons chevetaines. Mais puis que il fu seigneur, il n’ala en ost que une fois. Et ce temps fu m.cc.lxxx.vi. (1286) de Crist ; et vous dirai pour quoy il y fu. Il estoit un grant sire tatars qui avoit nom Naian (4), et estoit d Ms. C dont. — e Id. xl. — f Ms. C. Les mss. A. B. portent par erreur ; .m. ce. un. et .vin. (1288). — « Ms. B. règne.

1 Disputaient.

Thoung kian k. m., k. 21, fol. 5. — Li lai kt sse y k. 96, fol. 41-42 ; Gaubil, Histoire des Mongous, p. 123 ; Mailla : t. IX, p. 276 et sq. ; d’Ohsson : t. II, p. 342.)

Khoubilaï s’étant rendu à sa ville nouvelle de K h ai -p h g -fou en Mongolie, lieu fixé par les partisans de l’élection du nouvel empereur, son frère Mou-ko, (ils d’une seconde femme de Toutoitï, Kadan, fils d’Ogodaî, les princes et les généraux de l’aile gauche des armées mongoles (l’aile droite étant en Perse avec Houlagou, ouavec les représentants de la branche de Djoutchi, dans le Decht-Kiplchak, et de la branche de Djaghataï, dans la Transoxiane et le Turkistdn, ne pouvant, vu l’urgence, assister au Kouriltai), élurent à l’unanimité Khoubilaï, et le placèrent sur le trône avec le cérémonial d’usage. Ce prince avait alors 44 ans (lb.).

Le droit qu’avait Khoubilaï à la succession de son frère Mangou était fondé sur un usage qui est encore observé de nos jours en Turquie, où ce n’est pas un fils du Sultan qui lui succède, après sa mort, quand il existe un membre de la famille impériale plus âgé ; usage qui se pratique aussi en Égypte pour la succession des pacha 5 dans la famille de Méh émet-Ali. Mais Dchinghiskhaân avait voulu maintenir en même temps un autre usage qui existait aussi dans les tribus mongoles : de soumettre le successeur ainsi désigné du pouvoir à V élection, dans une réunion ou assemblée, nommé en mongol kouriltai , composée de tous les membres de la famille et des principaux chefs. Un article de son Yassa, ou Code de lois laissé par lui, porte : k Défense, sous peine de la vie, qu’aucun homme, quel qu’il soit, se fasse proclamer empereur sans avoir auparavant été élu par les princes, les khans, les émirs et autres seigneurs mongols, assemblés légalement dans une diète générale (kouriltai). »

(4) Selon Rachid-ed-dîn , cité par d’Ohsson (Histoire des Mongols, t. 11, p. 456), Nayan descendait, à la cinquième génération du nojran (en mongol prince ou chef) Utchttguen, frère cadet de Dchinghis-khaân , et non de Bdgontei, son frère ainé, comme il est dit dans les Annales chinoises. 11 avait hérité d’un apanage donné à son ancêtre par Dchinghis-khaân, dans une contrée au nord-est de Péking, qu’on appelle la Mandchou rie. Il avait beaucoup agrandi cet apanage aux dépens des autres frères de Dchinghis-khaân, et était devenu très-puissant.

Voici comment les Annales chinoises racon-