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Page:Le Lyon de nos pères - Emmanuel Vingtrinier.pdf/331

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le lyon de nos pères

naires du pays des Grisons, les Mascrani vinrent s’établir à Lyon vers 1580 ; ils se firent naturaliser francais en 1622. Ce sont de très riches banquiers, de même que les Lumagne, leurs compatriotes, qui ont une habitation plus bas, près des Grands-Capucins, et une autre à Bellecour. Ces deux noms sont universellement connus ; leur crédit est immense. C’est à ces deux banquiers de Lyon qu’en 1630 le cardinal de Richelieu emprunta 30.000 écus pour la guerre d’Italie. Le vieux Lumagne était, en outre, un grand collectionneur et un amateur éclairé d’œuvres d’art ; lorsque le peintre Van Dyck, à l’âge de vingt et un ans, passa les monts et s’en fut à Gênes, il rencontra dans cette ville notre banquier Lumagne, qui lui donna de précieux encouragements. — Le mariage d’Alexandre Mascrani, en 1648, avec la belle Cornélie Lumagne, unira plus intimement les deux maisons.

Nous allons rencontrer les armoiries des Lumagne dans l’église des Carmes-Deschaussés, située un peu au-dessous de l’habitation des Mascrani. Ce monastère est construit sur le rocher, à gauche du chemin ; sa façade se développe au bord du précipice, que surplombent un grand jardin et des terrasses soutenues par de pittoresques arcades ; à l’extrémité des terrasses, un pavillon s’avance à pic sur le roc. Tout cela s’harmonise à merveille avec les lignes de la montagne. C’est le marquis de Nérestang qui fonda, en 1618, ce nouveau monastère. Philibert de Nérestang était grand maître de l’ordre de Saint-Lazare et premier grand maître de celui de Notre-Dame du Mont-Carmel, érigé par le pape Paul V. Deux ans après qu’il eut fait bâtir l’église des Carmes-Deschaussés, il tombait mortellement blessé à la bataille des Ponts-de-Cé ; son corps, ramené à Lyon, fut inhumé près du maître-autel. L’église, de forme irrégulière, s’élève à gauche en entrant dans la cour ; l’extérieur est d’une grande simplicité. Dans la première chapelle à droite de l’entrée, on voit un beau tableau de sainte Geneviève, peint par Vignon, élève de Simon Vouét. La suivante, édifiée sous le vocable de sainte Thérèse, par Barthelemy Lumagne, seigneur de la Haye, qui y est inhumé avec sa femme, Anne Dubourg, est une des plus riches de Lyon. Au sommet de l’arc à plein cintre se trouvent les armes des Lumagne : trois escargots (lumaccia) et une fleur de lis en chef. Le retable à colonnes accouplées, les balustres, l’autel et le pavé sont en marbre d’Italie et en belle pierre de Saint-Cyr dont le poli acquiert la beauté du marbre. Cet excellent tableau du Guerchin, placé dans le retable, représente une Apparition de Jésus-Christ à sainte Thérèse. Un peintre flamand a décoré les parois et la voûte. Dans une autre chapelle, on remarque un saint Joseph peint par Perrier.— Plus tard, au commencement du xviiie siècle, l’église des Carmes-Deschaussés