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LE MÉNESTREL

de Boston, Budapesth, Lausanne, Linz, Liverpool, Londres, Manchester, Moscou, Paris, Prague, Presbourg, Christania, Vienne, etc. Les décors sont du peintre de la cour Brückner, de Cobourg, les costumes de J. Scholz, de Leipzig, exécutés d’après les dessins de H. Thomas, de Francfort.

— Un nouvel opéra en un acte intitulé Fra Francesco, musique de M. Henry Waller, vient d’être joué, sur ordre de Guillaume ii, à l’Opéra de Berlin. Succès nul, déception énorme.

— On a fait, à Nuremberg, des essais dans le but de relier téléphoniquement l’Exposition industrielle de la ville avec le Théâtre royal de Munich. Voici comment un des expérimentateurs a rendu compte de l’effet obtenu : « La musique instrumentale ne donnait qu’une résonance assez voilée, les cuivres se percevaient difficilement. Un peu après, la communication s’est améliorée, de manière à rendre le quatuor perceptible, même dans les piano. Les voix n’étaient nettes que dans les forte, le soprano s’entendant mieux que le ténor. Lorsque les artistes chantaient forte et que l’accompagnement instrumental restait un peu à l’arrière-plan, chaque syllabe était perceptible. »

— Le célèbre professeur de chant Stockhausen a fait entendre dernièrement, dans son école de Francfort-sur-le-Mein, une œuvre de J.-S. Bach qu’on ignore généralement. Il s’agit de la cantate pour soli et chœurs intitulée Coffea cantata qui n’est pas autre chose qu’un persiflage de la vogue alors toute récente du café. On sait que vers la fin du XVIIe siècle, la mode hollandaise de boire plusieurs fois par jour du café s’était répandue parmi les Allemandes, et que les pasteurs, les médecins et les moralistes luttaient en vain contre cette fantaisie, à cette époque assez coûteuse. Les femmes n’en raffolaient pas moins du café et n’entendaient pas l’abandonner. La cantate du futur compositeur de la Passion est débordante de bonne humeur et de charme ; quelquefois le compositeur s’y couvre, comme à l’ordinaire, de sa grave perruque et fournit alors de petits chefs-d’œuvre de contrepoint. La donnée de la cantate est fort simple : une jeune fille défend avec conviction et grâce, contre deux moralistes grincheux, le droit de la femme de se gorger d’autant de tasse de café que le cœur lui en dit. Inutile d’ajouter que la petite femme obtient gain de cause et que son droit au café ad libitum est glorieusement inscrit dans son contrat de mariage. L’action de la cantate est naturellement presque nulle, mais elle comporte tout de même une petite mise en scène, et les costumes régence y produisent un joli effet. Signalons la Coffea cantata aux salons où l’on fait de bonne musique et où on n’est pas effrayé par un grand nombre de répétitions, car les chœurs du père Bach ne sont jamais faciles, même quand il ne fait que badiner.

— Le théâtre de la cour de Weimar va jouer, au commencement de la saison prochaine, un nouvel opéra en trois actes intitulé le Poète et le Monde, paroles de M. Jules Petri, musique de M. Waldemar de Baussnern.

— Au théâtre royal de Wiesbaden, le dieu Loge appelé par Wotan pour produire le fameux enchantement du feu dans la Valkyrie a été dernièrement fort imprudent. Il avait par mégarde enflammé le manteau de Wotan. Heureusement, un brave pompier était là, qui surveillait la scène. Voyant Wotan en danger, il s’élança vers lui, arracha le manteau et l’emporta dans la coulisse, où le feu fut vite étouffé. Wotan termina l’apostrophe célèbre sans manteau, mais il n’obtint pas autant d’applaudissements que le pompier courageux, auquel le public fit des ovations et qu’il rappela plusieurs fois en scène après la fin de l’acte.

— Le nouvel opéra en un acte, intitulé Lili-Tsee, paroles de M. W. Kirchbach, musique du compositeur suisse Franz Curti, a été joué avec un succès marqué au théâtre royal de Dresde.

— Un nouvel opéra, Florentina, musique de M. A. Thierfelder, a été joué avec succès au petit théâtre de Brandenbourg.

— Un jeune compositeur wallon, M. Nicolas Daneau, fondateur de la Société des concerts populaires de Charleroi, vient d’être nommé directeur de l’École de musique de Tournai.

— Il semble probable que c’est au mois d’octobre prochain que l’École de musique d’Anvers, dont le directeur est M. Peter Benoît, sera élevée au rang de Conservatoire royal. Des négociations se poursuivent entre la ville et le gouvernement pour régler les conditions financières de ce changement.

Il paraît que M. Mascagni a entrepris la composition d’un nouvel opéra, celui-ci sur un sujet à la fois japonais et fantastique. Le livret est de M. Luigi Illica, l’ouvrage est en deux actes et un prologue, il a pour titre la Giapponese, et l’on pense qu’il sera représenté à la Scala de Milan au cours de la prochaine saison de carème. On assure que le même Mascagni prépare en même temps la publication d’un volume de vers. Comme M. Saint-Saëns, alors !

— La Gazetta musicale de Milan se plaint de voir, en Italie, le gouvernement et le parlement anti-artistiques. « La junte générale du bilan (commission du budget), dit-elle, a décidé de ne pas approuver le chapitre du budget en faveur de l’école communale de Naples, celui relatif à l’école de récitation de Florence, et de supprimer l’école de déclamation de l’Académie de Sainte-Cécile de Rome, qui était confiée à la signora Virginia Marini. Tout ce qui est artistique, tout ce qui est intellectuel, en Italie, a toujours pour adversaire irréconciliables les législateurs. Pourquoi ne supprime-t-on pas le budget de l’instruction publique ? » Dame ! quand on veut faire trop grand d’un côté, il arrive qu’on est réduit à faire trop petit de l’autre.

— Feu le ministère Crispi avait prolongé par décret les droits d’auteur pour l’Italie, en ce qui concerne le Barbier de Séville, afin que le Conservatoire de Pesaro à qui ces droits appartiennent continue à en profiter. Mais quelques députés viennent d’attaquer ce décret comme illégal, et il paraît que le Barbier de Séville va tomber dans le domaine public, même en Italie.

— C’est le 2 août prochain que doit avoir lieu à Pirano (Istrie) l’inauguration du monument élevé à la mémoire de l’illustre violoniste Giuseppe Tartini. La statue en bronze du grand artiste, œuvre du sculpteur Dal Zotto, est arrivée à destination et est déjà placée sur son piédestal.

Mme Gemma Bellincioni, la renommée cantatrice italienne, a des pensées funèbres. Elle se propose, dit-on, d’acquérir au cimetière de Montenero un terrain sur lequel elle fera construire une chapelle qui devra lui servir de sépulture — probablement le plus tard possible. Dans cette chapelle, elle fera ériger une statue personnifiant l’art lyrique.

— Naples, la patrie de Cimarosa et de Paisiello, Naples, qui donna le jour naguère à tant de chefs-d’œuvre lyriques, se vautre aujourd’hui dans l’orgie chansonnière. « Dans les théâtres de Naples, écrit le Trovatore, à l’exception du Fondo où l’on donne un peu de comédie, tout le reste est cafés-chantants. Le Nuovo, le Rossi, le Parthénope sont des temples pour la canzonetta, qui règne aussi aux Variétés, à l’Eldorado, au Cosmopolitain, à l’Eden, au Scotto, au Maiella, au Vigilante et ainsi de suite. » Allez donc en Italie pour entendre de la musique !

— À Varallo-Sesia (Novare), pour la cérémonie d’inauguration de la façade de l’église du Sacro monte, on a exécuté une Messe inédite de M. Zeffirino Longhetti, directeur du concert municipal, et dans la même journée, à vêpres, une symphonie du même compositeur. Les deux œuvres ont produit une bonne impression.

— De Barcelone : M. Gigout vient de faire apprécier, en deux festivals donnés à la salle des Beaux-Arts, avec le concours de l’orchestre d’Antonie Nicolau, les œuvres d’orgue et d’orchestre de Saint-Saëns, dont la superbe troisième symphonie, Ch. Lefebvre, Boëllman, César Franck et les siennes propres. De plus en plus fêté à Barcelone, M. Gigout a promis son concours pour notre prochaine Exposition des Beaux-Arts.

— On a cité dernièrement une opinion singulièrement élogieuse de la musique chinoise, attribuée au pianiste Paderewski. Cette opinion ne paraît pas absolument partagée par un journal californien, qui a imprimé, au sujet de la musique chinoise, les réflexions que voici : « Qu’on se figure un atelier de chaudronnerie où 400 mains manient 400 marteaux, à droite une ferblanterie en pleine activité, à gauche un moulin à vapeur pour pulvériser la roche, en face 600 individus en état d’ébriété armés de toutes sortes d’instruments, sur le toi 4.000 chats enragés, et l’on aura une faible idée de l’effet produit par un corps de musique chinois. » À entendre ça de sang-froid, ça ne paraît pas devoir être fort agréable. Mais ma foi, comparé à la musique que nous font aujourd’hui certains musiciens…

PARIS ET DÉPARTEMENTS

La série des concours à huis clos a commencé cette semaine au Conservatoire. Voici les résultats du concours d’harmonie (hommes) :

1er prix : MM. Pech et Mulet, élèves de M. Xavier Leroux ;

2e prix : M. Morpain, élève de M. Albert Lavignac ;

1er accessit : MM. Aubert et Gallon, élèves de M. Lavignac !

{{corr|2|2e accessit : M. Domerg, élève de M. Taudou.

Le concours de solfège pour les chanteurs, a donné lieu aux récompenses suivantes :

Élèves hommes : 13 concurrents.

Pas de 1re médaille. 2e médaille : M. Edwig, élève de M. Danhauser. 3es médailles : MM. Boyet et Andrieu, élèves de M. Villaret.

Élèves femmes : 26 concurrentes.

1res médailles : Mlles Truck et Pouchier, élèves de M. Paul Vidal ; Mlle Guyon, élève de M. Mangin. 2e médaille : Mlle Gottrand, élève de M. Mangin. 3es médailles : Mlles Telmat et Marciale, élèves de M. Mangin ; Torrès, Thauziat et Poigny, élèves de M. Paul Vidal.

Résultats des concours de solfège pour les instrumentistes :

Élèves hommes : 31 concurrents.

1res médailles : MM. Lepître, élève de M. Schwartz, Leclerc, élève de M. Alkan, et Lermyte, élève de M. Schwartz.

2es médailles : MM. Bilha, élève de M. Rougnon, et Brin, élève de M. de Martini.

3es médailles : MM. Edger, élève de M. Alkan, Salzedo et Mangeot, élèves de M. Schwartz, et Faure-Brac, élève de M. Rougnon.

Élèves femmes : 52 concurrentes.

1res médailles : Mlle Novello, élève de Mlle Barat, de Orelly, élève de Mlle Hardouin, Ploquin, (Mlle Barat), Inghelbrecht (Mlle Hardouin), Kastier (Mlle Barat), et Pestre (Mme Got-Roy).