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LE MÉNESTREL

d’alto, où je me trouve avoir parlé de clé d’ut 4e ligne alors qu’il s’agissait de clé d’ut 3e ligne. Aucun de mes lecteurs ne s’y sera certainement trompé, mais je rectifie quand même, pour les pointus qui seraient tentés de m’attribuer une faute si grossière. — Le renseignement a trait à l’auteur du concerto joué au concours de harpe, Zabel, sur lequel j’avais déclaré ne rien savoir. Je suis mieux informé maintenant, et je puis faire connaître que Charles Zabel est un musicien allemand, né à Berlin le 19 août 1822, qui a écrit des danses, de la musique de ballet, diverses pièces pour musique militaire, et qui a occupé les fonctions de second chef d’orchestre au théâtre de Brunswick. On m’assure qu’il est devenu ensuite professeur de harpe au Conservatoire de Saint-Pétersbourg.

Voilà qui est fait.

A. P.

NOUVELLES DIVERSES


ÉTRANGER

De notre correspondant de Belgique (30 juillet). — M. Stoumon, qui est allé entendre la tétralogie à Bayreuth, a engagé là-bas Mme Marie Bréma pour venir donner au théâtre de la Monnaie, dans le courant de l’hiver prochain, — en janvier probablement, — une série de représentations. Elle chantera (en français, dit-on) Amnéris d’Aïda, Ortrude de Lohengrin, Orphée et Dalila, — peut-être aussi Fricka de la Valkyrie, si l’on se décide à remonter l’œuvre wagnérienne, dans laquelle Mlle Kutscherra remplirait le rôle de Sieglinde qui lui a servi de début (sans lendemain) à l’Opéra ; mais la direction n’a pas encore résolu la question de savoir quel drame de Wagner elle inscrira dans son répertoire. On a parlé du Crépuscule des Dieux, mais aura-t-on la force et le courage de le monter à la Monnaie ? Dès à présent le programme de l’année est très chargé. Le Fervaal de M. Vincent d’Indy empêchera sans doute de donner une couple d’autres œuvres inédites que les directeurs comptaient jouer : tels le Ratcliff de M. Xavier Leroux et un opéra de M. Gabriel Pierné, que l’on dit charmant ; ce sera pour la saison suivante. En revanche, outre les trois petits ouvrages de M. Saint-Saëns, la Princesse Jaune, Phryné et le ballet provisoirement intitulé les Filles d’Arles, nous aurons le Don César de Bazan de M. Massenet, avec M. Frédéric Boyer. Quant aux œuvres de nos compatriotes, entre autres la Servante d’auberge de M. Jan Blockx, la Fiancée d’Abydos de M. Paul Lebrun et un grand drame lyrique de M. Jean Van den Ende ; mais il est peu probable qu’ils puissent trouver place ; les Belges sont habitués à attendre, et la patience est une de leurs vertus.

Non seulement la musique n’a pas chômé pendant cet été, même à Bruxelles, où les concerts du Vaux-Hall jouissent d’une vogue extraordinaire, mais dans nos principales villes balnéaires elle donne lieu à des manifestations artistiques parfois très importantes. C’est ainsi qu’on a exécuté dimanche dernier au Kursaal d’Ostende, Marie-Magdelaine, le beau drame sacré de M. J. Massenet, dans un festival qui avait attiré une foule énorme et dont le succès a été considérable. L’exécution, préparée de longue main, sous la direction de l’habile chef d’orchestre M. Reinskopf, a été remarquable. Les soli étaient chantés par Mlles Marie Henduyse, une des meilleures lauréates du Conservatoire de Gand, Mlle Jeanne Goulancourt, de la Monnaie, MM. Van Loo, ténor, et Breson, basse, tous deux du théâtre de La Haye. Les chœurs étaient ceux du cercle Cœcilia, du cercle choral des dames d’Ostende et de la société La Roya de Bruges. On entendra à ce même Kursaal d’Ostende, où ne dédaignent pas de venir briller pour un soir ou deux les étoiles de l’art, M. Van Dyck le 4 août, Mlle Gabrielle Lejeune de l’Opéra-Comique les 9 et 13 août, puis M. Isnardon, Mlle Garnier, etc. — Au casino de Blankenberghe les concerts sont également très suivis : Mme Georgette Leblanc doit y venir chanter prochainement ; et l’on y annonce une séance consacrée tout entière aux œuvres de M. Léon Du Bois, le jeune et très remarquable compositeur, sous la direction de l’auteur et avec le concours de M. Dufranne, de la Monnaie, et de Mlle Rachel-Neyt. Celle-ci, toujours curieuse d’œuvres nouvelles et non banales à faire connaître, y a interprété, il y a quelques jours, et avec un vif succès, de très jolies mélodies de M. Fernand Le Borne, — comme elle avait fait applaudir précédemment à Bruxelles, au Vaux-Hall, une « primeur » exquise, les Trois Contes de Jean Lorrain, mis en musique par M. Gabriel Pierné. Un conseil utile aux chanteurs et chanteuses qui vont à Blankenberghe : se faire accompagner au piano, simplement ; l’orchestre y a généralement des surprises et des distractions qu’il est prudent d’éviter.

L. S.

— De notre correspondant de Londres (30 juillet). — L’Opéra de Covent Garden a fermé ses portes avant-hier sur une représentation de Roméo et Juliette, le même opéra qui avait servi à l’ouverture. Cette dernière saison passe pour avoir été la plus fructueuse qu’on ait enregistrée ; elle a été en même temps une des plus insignifiantes au point de vue artistique. Aucune nouveauté, aucun début intéressant ; les succès des deux saisons précédentes défrayaient presque entièrement le répertoire. À signaler, toutefois, les belles représentations de Tristant et Yseult avec les frères de Reszké et la reprise attardée de Manon, qu’on n’a eu le temps de jouer que deux fois, mais chaque fois devant des salles combles et en présence du prince et de la princesse de Galles et de toute la cour. Ce dernier fait est d’autant plus significatif que la deuxième représentation a eu lieu le jour même du mariage de la princesse Maud.

Après Manon, on a repris Don Juan. C’est M. Ancona qui chantait don Juan ; sa voix est agréable, mais il chante avec négligence et le style est indécis. M. Pini-Corsi (Leporello) a la bouffonnerie lourde, et la façon dont il a rendu son grand air ne dénotait pas chez lui la moindre compréhension de l’esprit de la musique confiée à son interprétation. Mme Albani nous a présenté une donna Anna plus gesticulante qu’agissante, et Mlle Macintyre a chanté froidement et sèchement la musique d’Elvire. Une gracieuse débutante nous a été présentée dans le rôle de Zerline. La voix est remarquablement homogène et pure et la méthode parfaite. Le nom de cette jeune fille est Mlle Reid. J’ai été très frappé des qualités de distinction que révèlent son chant et son jeu ; c’est très rare de nos jours, les débutantes qui ont, comme Mlle Reid, le sentiment du style classique et la voix qui convient à ce style. M. Cremonini (Ottavio) possède un organe charmant, insuffisamment exercé, et il a de l’intelligence scénique.

Léon Schlésinger.

— À Naples, comme à Milan, on a l’excellente habitude, au Conservatoire de San Pietro a Majella, de faire exécuter, aux exercices de fin d’année scolaire, les travaux des élèves les plus avancés des classes de composition. C’est ainsi qu’au dernier exercice on a fait entendre une suite en quatre parties et une ouverture de M. Troiani, élève de M. Serrao, et un Ave Maria pour soprano, orgue, harpe et quatuor à cordes de M. Fatuo, élève de M. d’Arienzo. Ces deux compositions ont paru du reste assez pâles.

— Nous avons annoncé que M. Mascagni travaillait à la musique d’un nouvel opéra, sur un sujet japonais, intitulé précisément la Giapponese. Il paraît qu’aujourd’hui le titre est changé et que la Giapponese est devenue Iride. De plus, le journal l’Italie nous apprend que « M. Mascagni ne travaille pas à cet ouvrage seulement comme musicien, mais également comme librettiste en collaboration avec M. Illica. »

— L’Opéra impérial de Vienne, qui va rouvrir ses portes, a subi une restauration complète et est actuellement aussi resplendissant qu’en 1869, lorsque le nouveau monument fut inauguré. On a profité de cette occasion pour s’occuper du lustre, qui est devenu suspect depuis la mésaventure de son confrère parisien. Les ingénieurs ont prescrit plusieurs mesures de sûreté qui ont été exécutées.

— Le théâtre An der Wien, à Vienne, jouera au commencement de la nouvelle saison une opérette en trois actes intitulée le Papillon, paroles de MM. Willner et Buchbinder, musique de Charles Weinberger.

— L’affaire du ténor Broulik à l’Opéra de Budapest, dont nous avons parlé la semaine dernière, prend les dimensions d’une cause célèbre. Sur la proposition du directeur de ce théâtre, M. Haldy, le surintendant général, M. le baron Nopcsa, a notifié au chanteur qu’il était considéré comme démissionnaire. M. Broulik a répliqué que cette démission forcée était illégale et qu’il s’adresserait aux tribunaux. Le chanteur a publié en même temps une note pour faire savoir qu’après avoir chanté le 11 juillet dans le Vaisseau fantôme, le jour suivant dans Tannhäuser, le surlendemain dans Lohengrin et le our suivant encore dans les Maîtres Chanteurs, il lui était impossible de chanter dans l’Or du Rhin, et que les deux médecins spécialistes avait constaté cette impossibilité. Trois grands rôles de Richard Wagner en quatre jours — le petit rôle d’Erik dans le Vaisseau fantôme n’est qu’un supplément, — c’est en effet plus que la gorge du ténor le plus fort parmi les ténors forts ne peut supporter.

M. Alexandre Erkel, chef d’orchestre de l’Opéra royal de Budapesth, fils du célèbre compositeur hongrois de ce nom, vient d’être nommé directeur général de la musique de l’Opéra royal.

— On a dû représenter cette semaine à Lisbonne, sur le théâtre de la Trinité, une nouvelle opérette en trois actes, os Filhos do capitao mor, paroles de M. Eduardo Schwalbach Lucci, musique de MM. Augusto Machado et Thomaz del Negro.

PARIS ET DÉPARTEMENTS

Voici les résultats des concours d’instruments à vent qui ont terminé, jeudi et vendredi, la série des concours publics du Conservatoire. Le jury était composé de MM. Théodore Dubois, président, Ch. Lefebvre, Raoul Pugno, Joncière, Émile Jonas, Wettge, Turban, Dupont et de Vroye.

Flûte. — Professeur : M. Taffanel. Morceau de concours : 6e solo de Demerssemann. Morceau à déchiffrer, de M. Raoul Pugno.

1er prix : MM. Daniel Maquarre et Grenier.

2e prix : M. Million.

Pas de 1er accessit.

2e accessit : MM. Boudier et Blanquart.

Hautbois. — Professeur M. Gillet. Morceau de concours : 4e concerto de Vogt. Morceau à déchiffrer, de M. Ch. Lefebvre.

Pas de 1er prix.

2e prix : M. Creusot.

1er accessit : MM. Dutercq et Mondain.

Clarinette. — Professeur : M. Rose. Morceau de concours : concertino de Weber. Morceau à déchiffrer, de M. Georges Marty.

1er prix : MM. Guyot et Delacroix

2e prix : MM. Leroy et Carré.

1er accessit : M. Greinner.