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Page:Le Midi, année 4, n° 72, 14 mars 1876 (extrait).djvu/2

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MADAME LOUISE COLET.


Le télégraphe nous a apporté ces jours derniers la nouvelle de la mort de Mme Louise Colet. Cette femme de lettres appartenait par sa naissance à notre région. Elle a été de plus une des figures curieuses de notre époque. À tous ces titres nous devons en entretenir nos lecteurs :

Louise Révoil (c’est son nom de famille) naquit à Aix, en Provence, en 1810. Son père, directeur des postes dans cette ville, avait épousé Mlle Le Blanc de Servannes, qui lui avait apporté en dot le château de Servannes, situé dans la commune de Mouriès (Bouches-du-Rhône). M. Antoine Révoil, père de Mme Colet, avait eu l’occasion, dans le village d’Orgon, de sauver la vie à Napoléon I, qui allait être massacré par la population du pays.

Ceci se passait en 1814, lors du départ pour l’île d’Elbe. L’émeute avait été soulevée par une pauvre mère qui avait perdu ses deux fils dans la déroute de Moscou, et voulait assassiner l’empereur, cause de tous ses désastres.

Un des aïeux de Mme Colet était le chevalier de Révoil, qui fut le premier ministre des finances sous Louis XIII, et son arrière-grand-père avait présidé le Parlement de Provence en 1780.

Louise Révoil épousa, à l’âge de dix-huit ans, Hippolyte Colet, fils d’un vétérinaire de Nimes, et lui-même professeur d’harmonie au Conservatoire de Paris, très-connu par un traité d’harmonie qui passe pour très-remarquable. En 1836, Mme Colet vint à Paris, où elle allait trouver un milieu favorable à l’épanouissement de son talent. Dès ce moment, les opinions politiques de Mme Colet se transformèrent : légitimiste de naissance, elle changea subitement de convictions et devint un des partisans les plus fervents de la République, imitant en cela G. Sand et Daniel Stern.

Préparée à la littérature par de fortes études, encouragée par d’illustres protections, Mme Colet se livra, dès 1836, au travail le plus assidu. Douée d’une imagination brillante, d’un vif sentiment de la nature et des arts, Mme Colet était naturellement destinée à remporter à quatre reprises, 1839, 1843, 1852, 1855, les palmes académiques.