Page:Le Mierre-Oeuvres-1810.djvu/214

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Oui, c'est vous dont le zèle

Conduira de sa mort la pompe solennelle. [10]

Le Jeune Bramine

Quoi ! Les Européens, accourus vers nos ports,

De leurs vaisseaux nombreux investissent ces bords ;

Tant de foudres lancés sur les murs de la ville,

De leurs coups redoublés, ébranlent notre asile ;

Et c'est peu qu'aujourd'hui la guerre et ses fureurs [15]

Fassent de ce rivage un théâtre d'horreurs !

Au milieu des dangers, au milieu des alarmes,

Que répand dans nos murs le tumulte des armes,

Nous préparons encore un spectacle cruel,

Qui me plonge d'avance en un trouble mortel ; [20]

Nous dressons ces bûchers, consacrés par l'usage,

Qui font du Malabar fumer au loin la plage.

Non, je dois l'avouer, je ne pourrai jamais

Accoutumer mes yeux à de pareils objets.

Eh ! Ne peut-on sauver la victime nouvelle ? [25]

Son époux, dans ces lieux, n'est point mort auprès d'elle,

Elle ne l'a point vu dans ces derniers moments,

Si puissants sur notre âme et sur nos sentiments,

Où d'une épouse en pleurs, l'époux qui se sépare,

Exige de sa foi cette preuve barbare ; [30]