Page:Le Mierre-Oeuvres-1810.djvu/251

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M'appelait dans ce temple, ou plutôt ce repaire.

Tigres, j'arrêterai vos excès inhumains ;

Vos infâmes bûchers par moi seront éteints. [810]

Le Grand Bramine

Éteindras-tu l'amour ? Éteindras-tu le zèle,

Le courage fondé sur la base immortelle

De la religion qui confond dans ces lieux

Le respect de l'époux et le respect des dieux ?

Un généreux amour, conservé dans les âmes, [815]

De la mort parmi nous fait triompher les femmes ;

Si de ce dévouement leur grand coeur est jaloux,

Crois-tu que nous soyons plus indulgents pour nous ?

Sais-tu pourquoi je suis le premier des bramines ?

Je parvins à ce rang par des chemins d'épines ; [820]

J'ai déchiré ce sein de blessures couvert ;

Sans courir à la mort, j'ai fait plus, j'ai souffert.

Quant à la loi cruelle où la veuve est soumise,

Autant que la raison, l'équité l'autorise ;

Les femmes autrefois, ne l'as-tu point appris ? [825]

Hâtaient par le poison la mort de leurs maris.

Le Général

Non, je ne te crois pas ; ces épouses fatales,

L'enfer ne les vomit qu'à de longs intervalles.

Le crime sur la terre est toujours étranger :

Comme tous les fléaux, il n'est que passager ; [830]

C'est le premier bourreau des coeurs dont il s'empare.

La femme est moins cruelle, et toi seul es barbare.

Écoute, vos bûchers, vos spectacles d'horreur,

N'ont que trop justement excité ma fureur ;

Je marche dans ces lieux sur des monceaux de cendre, [835]