Aller au contenu

Page:Le Mierre-Oeuvres-1810.djvu/257

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ACTE IV




Scène I

La Veuve

vêtue de lin.

Voilà donc mon destin ! Voilà donc mon partage !

J'achèverai de vivre à la fleur de mon âge.

Le ciel me rend un frère, et c'est dans ces moments

Qu'il faut que je m'arrache à ses embrassements ; [930]

Et je n'en puis goûter l'émotion si douce :

La nature m'attire et l'honneur me repousse.

Une autre voix me charme et m'accable à son tour ;

Victime de l'hymen, victime de l'amour,

Il me faut renfermer cette secrète flamme, [935]

Ce profond sentiment qui maîtrise mon âme ;

Et la mort dans le coeur, marcher le front serein

Au bûcher où m'entraîne un époux inhumain.

Il semble à mes douleurs, que sa rigueur extrême

Une seconde fois m'arrache à ce que j'aime. [940]

Il a fait tous mes maux, et je dois aujourd'hui

Paraître heureuse encor de m'immoler pour lui :

Ma destinée entière est-elle assez cruelle !

Ô toi que j'adorai, toi qu'en vain je rappelle,

Toi dont le souvenir, si cher à mon amour, [945]