Que de le voir vers moi s'avancer pas à pas.
Je ne fais qu'un seul voeu du fond de cet abîme :
C'est d'être de l'honneur la dernière victime, [1000]
Et que l'humanité, dont il blesse les lois,
Reprenne en ces climats son empire et ses droits.
Qu'osez-vous souhaiter ? Qu'avez-vous dit, madame ?
Étouffez un tel voeu dans le fond de votre âme.
L'humanité ! Faiblesse ! Impuissance du bien, [1005]
Des mortels corrompus chimérique lien !
Ce voeu trop indiscret dont votre âme est séduite,
De votre sacrifice affaiblit le mérite ;
Mais je vous connais mieux, de vous-même jamais
Vous n'auriez pu former ces aveugles souhaits. [1010]
Ces fiers européens jusqu'en nos esprits même
Ont soufflé le poison de leur lâche système ;
Mais plus ces étrangers, nous infectant d'erreurs,
Veulent nous inspirer leur doctrine et leurs moeurs,
Plus il faut par l'éclat des exemples sublimes, [1015]
Combattre et repousser de funestes maximes :
D'une âme haute et ferme au-dessus de son sort,
Telle enfin que la vôtre, on attend cet effort.
Songez en ces moments que l'Inde vous contemple,
Et de votre courage exige un grand exemple. [1020]
Scène III
Où fuir ? Où me sauver d'un horrible trépas ?
La flamme me poursuit, je la vois sous mes pas,