Page:Le Mierre-Oeuvres-1810.djvu/278

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Ô comble de l'injure !

Le Jeune Bramine

Sur la férocité d'un usage odieux,

Sur d'affreux préjugés que n'ai-je ouvert ses yeux ?

Le Grand Bramine

De nos lois, de nos moeurs, tu te faisais le juge, [1335]

Tu veux sa honte ! Un frère !

Le Jeune Bramine

Un vertueux transfuge,

Qui brûle de sortir et pour jamais d'un lieu

Où d'une loi de sang il fait le désaveu.

Oui, barbare, à la mort j'ai voulu la soustraire :

Pour la sacrifier je ne suis point son frère, [1340]

Je le suis pour l'aimer, pour être son soutien ;

Le ciel me fit un coeur bien différent du tien.

Périsse sur ces bords ta coutume cruelle !

Je connais la nature, et je ne connais qu'elle.

Le Grand Bramine

À un autre bramine.

Amenez la victime.

Au jeune bramine.

Un autre plus soumis [1345]

Va remplir cet emploi que je t'avais commis.

Le Jeune Bramine

Va, si j'ai dans ce jour un reproche à me faire,

C'est d'avoir accepté ce fatal ministère,

De t'avoir obéi, de t'avoir écouté ;

Je rougis du respect que je t'avais porté, [1350]

De mon humble réserve, et des doutes timides

Dont j'avais combattu tes leçons homicides.