Page:Le Monde dramatique, tome 6, 1838.djvu/86

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LE MONDE DRAMATIQUE. ALONSO CANO ET LE MUSÉE ESPAGNOL. . isitant, il y a quelques jours, les galeries du Louvre qui s’étendent depois la chambre d’Anne d’Autriche jus- qu’à la salle des gardes d’Henri III, mes yeux s’étaient déjà tour-à-lour fixés sur les merveilles d’art qui enri- chissent ces royales galeries, lorsque je fus abordé par un compatriote des peintres qui avaient créé ces toiles qu’une foule immense contemplait. Cet Espagnol était un jeune homine plein d’ame et de sentiment, que l’exil condamnait à demeurer sur la terre de France, et qui était venu saluer les amis qu’une volonté royale venait de rassembler loin du soleil dont les fébriles émanations inspirèrent autrefois de si grandes choses, et aujourd’hui servent d’aliment aux désordres de la guerre civile. -Voilà de nobles réfugiés qui ne reviendront pas sur la terre natale, me dit-il tristement en me serrant la main. Ils sont venus consoler ceux qui souffrent de l’exil ; et la patrie n’est pas seulement la langue, le ciel, c’est encore les vers de ses grands poètes, les productions de ses grands artistes. Vous avez raison, me dit-il. Et puis il m’entraîna dans la salle des Murillo. - - 69 Et quand nous eûmes contemplé pendant quelques minutes les suaves créations de ce Raphael de l’Espagne. Qu’elles sont nombreuses les pages de l’album de mon pays qu’a peintes le célèbre Murillo ! me dit ce jeune homme ; et surtout combien le trait en est facile et gracieux ! Ne dirait-on pas que le sentiment religieux qui imprégne ces têtes de Vierge se mêle à quelque chose de mondain, et qu’un type aimé comune celui du Raphael des Loges vaticanes posait dans la mansarde du peintre, quaud Digitized by Google