son peu d’exactitude à tenir sa parole ; j’y mêlai le moins d’aigreur qu’il me fut possible, ne voulant pas chagriner un frere que j’aime beaucoup, et qui ne prenoit sans doute les intérêts du chevalier avec autant de chaleur, que parce qu’il croyoit qu’il étoit nécessaire de se l’attacher pour obtenir par son canal une place qu’il desiroit.
Je lui parlai de son ami d’une maniere peu conforme à son billet : précisément il étoit aux écoutes, et il parut. Je sçaurai placer ailleurs, mademoiselle, me dit-il… et resta la bouche béante sans pouvoir achever. Je n’en fus point étonnée, et du ton le plus méprisant je lui dis : voilà ce que c’est, monsieur, que d’écouter aux portes ; les curieux sont ordinairement payés comme ils le méritent. D’ailleurs voulant vous persuader que je ne suis point dans l’intention de vous laisser ignorer ce que j’ai dit, je commence par vous prier d’aller ailleurs conter vos sornettes, ou je me plaindrai à monsieur votre oncle. Mes dernieres paroles furent le signal de sa retraite : il s’étoit présenté comme un sot, il se retira de même.
Mon frere me laissa brusquement lorsqu’il le vit partir. Il revint me trouver une demi-heure après, ne paroissant pas trop content.