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Page:Le Monialisme, Histoire galante (2e éd.), 1777.djvu/207

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rai-je la satisfaction de te consoler. As-tu regret de quitter le monde ?… Es-tu forcée par tes parens de t’ensevelir dans le cloître ? Quoiqu’il m’en coûte pour me séparer de toi, je n’hésiterai pas à te détourner de condescendre à leur caprice.

Sylvie.

Je n’ai aucun regret de quitter le monde, ma chere ; plût à Dieu, au contraire, que j’y eussé pensé plutôt, je n’y aurois pas éprouvé des choses aussi ameres !

Angélique.

As tu aimé ? ton amant t’a-t-il fait infidélité ? ou des obstacles tyranniques se sont-ils opposés à votre bonheur mutuel ?

Sylvie.

Eh bien oui, j’ai aimé, ma chere amie ! et j’ai aimé le plus généreux des hommes. Il étoit incapable de me tromper ; mais le destin cruel me l’a enlevé, et cette perte irréparable, jointe à d’autres motifs, m’ont fait prendre la résolution de m’éloigner pour toujours de ce monde injuste, qui ne jugeant que des apparences extérieures, nous condamne souvent sans nous connoître.