un abyme de douleurs ? Il est donc plus prudent de… et quoique je connoisse de mes amies qui ne sont pas si craintives, leur exemple ne m’entraînera pas : jusqu’à ce que j’aie un mari je ne l’accorderai à personne.
Tout le temps que nous demeurâmes en campagne, il ne se passoit point de jour que je ne visse cette demoiselle, et comme je lui faisois part, avant de revenir en ville, de mes petites inquiétudes sur ce qui s’étoit passé entre nous deux, car on se défait difficilement de ses préjugés : que tu es simple, Sylvie, me dit-elle en riant ! Mais notre religion le défend, lui répondis je ?… Tais-toi donc avec tes raisons ! eh, que faisons-nous de plus que les femmes enceintes qui se font connoître par leurs maris ? Elles n’ont d’autre vue, puisque le sac est plein, que de satisfaire leur appétit pour le plaisir ; elles se déchargent également à pure perte, de ce qui les incommode, et cela leur est même permis par notre religion. Mais, sans vouloir en attaquer les fondemens, je te dirai cependant, que plusieurs de ses maximes sont plutôt de l’invention des hommes, que l’ouvrage de Dieu, et ne sont faites que pour les ames simples et incapables de démêler le vrai du faux. Reconnoissons un souverain