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Page:Le Monialisme, Histoire galante (2e éd.), 1777.djvu/54

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Agathe.

Calme toi, ma chere amie, reprends cet air riant qui te sied si bien ; oui je viens t’entretenir de lui, et qui plus est, c’est que je veux que tu m’écoutes : si tu l’avois vu avant de partir, il étoit absolument méconnoissable ; il m’a prié les larmes aux yeux de faire sa paix, et sans cette espérance, dont je l’ai flatté, il se seroit, je crois, porté au dernier désespoir : tant d’amour, Susanne, mérite un autre sort.

Susanne.

Ce sont des effets et non des paroles qu’il me faut, Agathe ; lorsqu’on aime un quelqu’un on se conforme à ses volontés : il sçait ce que je pense sur un certain article ; il m’a promis cent fois de ne pas me désobliger, et cent fois il m’a manqué de parole.

Agathe.

Sa conduite est une preuve de l’amour qu’il te porte : depuis qu’il te connoît il n’a jamais vu que toi ; et s’il n’étoit pas aussi sincere, il auroit pu se dédommager de tes rigueurs en s’adressant à une de nous ; et je lui rends justice, à l’exception de ce qu’il est fort honnête : il ne nous a jamais dit