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Page:Le Monialisme, Histoire galante (2e éd.), 1777.djvu/58

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Que je vous trouve refroidie à mon égard, me dit-il, malheureuse absence, que tu me fais tort !… Il n’y a de ma part aucun refroidissement, répondis-je : je suis très-charmée de vous voir ; mais vous sçavez ce que je vous ai écrit… Que trop pour mon malheur, et je crains fort que l’on ne m’ait supplanté… Que dites vous là dom Delabrisse, vous avez de moi une opinion singuliere ; je ne connois personne que vous ; la reconnoissance, quelque chose même de plus, voyez ma naïveté, m’engage à entretenir votre connoissance ; et je suis décidée, je vous le promets, à fermer l’oreille à tous les propos que d’autres pourroient me tenir… Je suis on ne peut pas plus sensible à vos bontés, et je tâcherai d’en mériter la continuation : permettez au moins que… Je le veux bien … allons, c’est assez, vous m’étouffez ;… ôtez votre main… au moins que je leur donne un baiser… Vous me fuyez méchante !

Il étoit temps de me retirer ; je lui dis en m’en allant de venir au parc joindre la compagnie. Il s’y rendit : pour me distraire, je m’amusois à jouer avec ces dames : dom Delabrisse fut aussi de la partie ; il me regardoit souvent, je le voyois soupirer, et ses yeux sembloient me dire qu’il auroit été plus