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Page:Le Monialisme, Histoire galante (2e éd.), 1777.djvu/70

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et Rigot sur la coquille. Leurs bouches à demi ouvertes se touchoient presque, et ne pouvoient rendre qu’une haleine fort douce, qu’ils sembloient aspirer à l’envi l’un de l’autre. Jamais le plus beau couple. Susanne n’avoit pas vingt ans, et Rigot tout au plus vingt cinq. En les regardant avec complaisance, je maudis les législateurs d’ici-bas, qui ont la cruauté d’interdire à quelques-uns, des plaisirs aussi réels et aussi sensibles que ceux-là.

Je les laissai reposer ; et comme je voulois aller au parc par un vieux galetas qui y aboutissoit, j’en fus empêchée par une rencontre que je n’attendois pas : étant sur le point d’y entrer, j’entendis parler ; je m’arrêtai, et regardant du coin du mur qui ce pouvoit être, j’apperçus la femme de chambre de l’Abbesse avec un grand drôle de domestique étranger ; je sçus après à qui il appartenoit. Ils n’en étoient encore qu’au prélude : l’estafié ayant la main sous la jupe de Rosalie, l’embrassoit, et recevant aussi de sa part des soins officieux, il lui disoit : allons au parc dans un des cabinets ; nous serons mieux ; il n’y a ici aucune commodité, et je n’aime pas le faire tout droit. Oh ! non, repondit-elle, quelqu’un pourroit nous apper-