Oui, vous avez pleuré !… puis, la Mort vous a prise
Et plongée, ô douleur ! en son morne séjour.
Mais, tout ce qu’ici bas le spectre effeuille ou brise
Sous le regard de Dieu, doit refleurir un jour.
Si le corps est captif, libre demeure l’âme ;
La vôtre, comme un aigle au vol audacieux,
Battit l’immensité de ses ailes de flamme
Et, d’un suprême effort, s’éleva jusqu’aux cieux !
Entendez-vous tinter ces carillons de fête ?
Ils célèbrent en chœur votre aimable retour !
Nos drapeaux, des maisons embellissent le faîte,
La foule, autour de vous, se presse avec amour.
Mère, protégez-la…, protégez mes compagnes,
Leur mère, les petits dont le rire est si doux !
Protégez l’habitant des bourgs et des campagnes,
Qui, d’un pas tout joyeux, s’achemine vers vous.
Si, dans l’humanité, vos regards pouvaient lire,
Ils y verraient vibrer, émus et triomphants,
Comme les cordes d’or d’une immortelle lyre,
Bien des cœurs de vieillards et de petits enfants !
Ce site verdoyant sied à votre visage ;
On chercherait en vain un plus charmant décor.
Oh ! pour que rien ne manque à ce gai paysage,
Mère, souriez-nous ! Mère, chantez encor !
Mais vous restez muette… Oh ! quel fut mon délire !
J’ai cru, de votre lèvre, entendre un chant d’adieu.
Mère, si vous partez, laissez-moi votre lyre :
Pour vous la rendre un jour j’irai voir le bon Dieu !