ment essayé de s’embourgeoiser, de s’assouplir
à cette existence de petite ville, où ils pouvaient
trôner, entourés de leur famille, évitant de courir
les fêtes locales par une prudence instinctive
afin qu’un hasard imprévu ne révélât rien de
leur passé, s’en tenant aux seules réunions de
leurs parents et de quelques intimes.
Cinq mois durant, ils se firent illusion. Pour ne pas succomber à l’inévitable monotonie, ils s’accordèrent licence dans leurs goûts, Irène se bourrant de lecture et de musique ; Stanislas, de parlottes et de manilles au Café de la Comète pour se voir aux repas, se retrouver le soir sur les dix heures, s’aimer en bons époux, conjugalement, dans la stricte ordonnance de la manœuvre visant à la procréation.
Ils s’aimaient, ils le savaient, le sentaient ; ils voulaient noyer hier pour que demain, dégagé de toute compromission, fut bien l’expression de leur seule tendresse.
Une cuisinière, habile et réputée, prise dans le pays, s’occupait de leur confectionner de succulents déjeûners et dîners ; une fillette de seize ans et demi, la nièce du concierge de leur château d’Ecofleur, jolie et fine enfant nommée Annina, était exclusivement réservée au service