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ne savait que répondre. Le fruit n’avait plus la même saveur ; elle voyait en Marthe un petit homme, ayant beaucoup de la femme, et à ce titre, pouvant mieux lui convenir pour une union presque maritale.

L’abbesse mariée à une hermaphrodite, voilà ce à quoi elle tendait, au milieu d’un cérémonial imaginé par un des esprits inventifs de l’Ordre, cérémonial dont la légende demeurerait éternelle.

Pour épouser dans l’Ordre, malgré sa toute-puissance d’abbesse, malgré la latitude laissée par la tolérance religieuse à tout ce qui se rapportait aux choses de l’amour, derrière les murs des Bleuets, il fallait au moins le pucelage féminin du mari. Elle le comprenait et se rendait compte que l’aumônier, déjà rétif à une consécration laïque dans les salons d’un pacte d’union avec l’hermaphrodite, regimberait fortement du moment où elle émettrait la prétention d’aller devant l’autel demander la sanctification de cette union.

Elle l’avait rêvé ce mariage avec l’her-