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IX

COSTUME DE PÂQUES


On pourrait reprocher à Marise de n’être pas économe. On pourrait même l’accuser d’être prodigue. Mais est-ce tout à fait sa faute si elle n’a aucune idée de la valeur de l’argent ? Élevée avec la perspective d’un gros héritage, et fille unique, en plus, comment aurait-elle appris à se priver, puisqu’il n’y avait personne avec qui partager ?

Un pareil état de chose aurait fort bien pu développer en elle un monstrueux égoïsme. Aussi pourrait-on presque la louanger, car si elle est prodigue, gaspilleuse même, c’est plus souvent pour les autres que pour elle-même.

Marise offre sans cesse des cadeaux à ses amies. Tout est prétexte à des envois de fleurs, de bonbons. Si elle les invite, rien n’est trop beau, trop cher ; elle se ruine pour leur servir des primeurs. Est-ce la fête de quelqu’une ? Elle y pense, et se ruine de nouveau. Faire des surprises la ravit, la transporte au septième ciel.

Il est vrai que pour elle, enfant unique, choyée — par une mère peu exigeante pour elle-même et généreuse à l’excès pour sa fille et pour ses amies —