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costume de pâques

vant de vivre en attendant un bonheur qui ne vient pas, un bonheur aléatoire et incertain…

Mais un jour, enfin, Marise crut aimer. Elle devint pieuse, fut toute transformée, et se retira un tout petit peu du monde pour savourer ce sentiment qui s’entourait de beauté, de livres, d’idées. Elle fut, pour un temps, si reconnaissante à Dieu, qu’elle se mit à venir Le voir tous les matins, Le suppliant pour son bonheur et le succès de sa vie…

Elle crut ne pas obtenir ce qu’elle demandait. Elle demeura sous l’impression que Dieu ne se souciait pas de sa piété, parce qu’il lui répondait étrangement. Soudain, le prince charmant qu’elle croyait aimer, fit place à un homme qui lui déplaisait, et qu’elle put soupçonner d’intérêt, en vue de l’héritage toujours en perspective. Puis, accidentellement, elle surprit une conversation, où un petit fait le montrait jouant un mauvais rôle. Elle aurait pu croire à une calomnie. Elle fut certaine que c’était une médisance. Du coup, elle perdit la confiance qu’il faut avoir dans l’époux de son choix et sentit qu’elle n’aimait plus.

La force qu’elle eut de mépriser son amour-propre et de rompre des fiançailles que tout le monde trouvait si heureuses, elle ne s’en rendit pas compte, mais elle la dut sûrement à Dieu qui veillait sur elle, à ses messes matinales. Et aussi, cette résolution qu’elle prit de changer sa vie.

Désormais, elle cesserait d’être la jeune fille qui reste trop longtemps dans le monde, à voir entrer dans le bal, les unes après les autres, de saison en saison, les nouvelles débutantes. Elle