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enthousiasme

Comme les costumes se portaient cette année sans col, la jeune fille avait dû demander si celui-là serait ainsi, car le vieux, tout en tripotant l’étoffe du haut, répondit d’un ton mécontent et hargneux :

No, no, her neck is too long…

Ceci n’apprenait rien à Marise. Son cou était long, c’était vrai, mais il faisait bien dans le paysage. Marise ne porterait pas avec tant de grâce ses cheveux flottants, s’il ne l’était pas.

La bouche du vieux était tout de même loin d’être appréciatrice. Pourtant, dans la glace, Marise pouvait constater que ses coups de pouce et d’épingles sur l’étoffe avaient tout de suite de l’effet. Ainsi l’encolure telle qu’il l’avait drapée la faisait paraître beaucoup moins maigre. Elle secoua la tête, son œil brilla, déjà elle se préparait à oublier que ce grognon de tailleur venait de critiquer son cou, quand elle l’entendit répondre à une autre incompréhensible remarque de la jeune fille :

No, no padding, her shoulders are too broad…

Bon, ses épaules maintenant ! Cette fois elle a une furieuse envie de protester. Avoir les épaules larges, hautes, non tombantes, quand on est grande et mince, c’est beau. Cela, elle en était sûre. La preuve, c’était ces bourrures dont les autres devaient s’affubler…

Sur les plis du corsage, il n’a rien à dire, et en vérité, elle l’attendait là. Car Marise sait qu’elle est bien proportionnée, et que nulle mieux qu’elle, ne porte le chandail.

De la jaquette, on passe à la jupe.