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garage à louer

Aussi, si le vieux se propose de faire quelque marché et s’en vante d’avance, sa femme malicieuse lui rétorque bien vite :

— Défie-toi, mon vieux. Pense à ton garage que tu avais si bien loué !

— Quoi ! y était pas bien loué, mon garage ? qu’est-ce que t’as à en dire !

Et en se moquant, elle commente une fois de plus, la bonne histoire !

Un jour d’octobre pluvieux à déshonorer un si beau mois, on avait sonné à la porte, un samedi, vers deux heures de l’après-midi. La vieille avait ouvert et s’était trouvée en présence d’un beau jeune homme, qui ne parlait qu’anglais. Malheureusement, elle n’avait jamais affaire aux Anglais ; elle crut qu’il s’était trompé d’adresse, et comme elle ne faisait que baragouiner cette langue, elle appela vite son mari.

De la salle où elle était retournée, elle n’avait pas pu suivre la conversation qui s’était poursuivie dans le salon. Elle se rongeait déjà de curiosité, quand son vieux survint, cherchant ses lunettes qu’il avait sur le nez, et qu’elle trouva naturellement tout de suite ! et il lui annonça, triomphalement, l’heureux motif de sa surexcitation. Il avait loué son garage. Il tenait un beau dix dollars et il continua :

— Et j’le loue bien, la vieille ! Deux mois payés d’avance, tiens regarde…

Il repartit avec ses lunettes, sa plume, son carnet de reçus, et l’entretien, au salon, se prolongea ensuite beaucoup trop, dans l’opinion de la vieille très intriguée. Elle réussit tout de même