Page:Le Normand - Enthousiasme, 1947.djvu/133

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
131
garage à louer

puisque l’auto va rester là. Çà compte, ça… Il veut même la mettre sur des blocs.

— Quand le prend-il, le garage ?

— Y m’a dit, qu’y ne savait pas au juste. Mais en tous cas, j’lui ai dit qu’on est toujours ici. Et puisqu’il a sa clef, maintenant, c’est sans importance…

C’était en effet sans importance. De fait, ils ne revirent pas leur beau jeune homme. En rentrant de la grand’messe, le lendemain, ils trouvèrent leur garage occupé, et trop bien occupé. Il bâillait, parce que la voiture était un peu trop longue. Le vieux, voyant cela, patenta une fermeture, une chaîne avec cadenas, qui liaient les deux battants de la porte, pour que la voiture fût en sûreté.

— Une chance, qu’on était pas ici, dit le vieux. Le jeune homme aurait peut-être changé d’idée, en voyant ça, et m’aurait redemandé son dix piastres…

La voiture remplissait tellement le petit garage, que le vieux pouvait à peine en faire le tour. Elle était sur des blocs, et sans pneus.

— Une idée, de faire ce travail-là le dimanche, et pendant la grand-messe, grogna le vieux. Apparemment, c’est pas même un protestant, mon locataire…

Plus tard, il dit à sa femme :

— J’suppose que c’est quand il a vu que le garage ne barrait pas, qu’il a trouvé plus prudent d’enlever ses pneus. Et j’le blâme pas ! Des pneus de c’te grosseur-là, ça vaut de l’argent. Et tout le monde vole ça de c’temps-là…