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enthousiasme

parmi les sous-marins et les mines, et la canonnade. Tiens, j’parie, la vieille, que t’as même prié pour lui.

Il riait de tout son cœur. Elle, piquée, répondait :

— Eh ben, si j’ai prié pour lui, c’était pas de trop. Un voleur a bien plus besoin de prières qu’un officier de marine !

— Mais, j’y pense, mon loyer de garage, moi, j’suis pas pour perdre ça.

— Oui, d’autant plus que t’as pelleté comme un enragé tout l’hiver… C’est pas de ta faute si tu t’es pas donné une hernie…

L’histoire finit au mieux pour le propriétaire du garage. Mais depuis, la vieille répète quand même, chaque fois que le vieux ose se vanter de son flair en affaires :

— Pense à ton garage, avant de trop te « fièrer »…

Alors, le vieux, chaque fois, rétorque :

— Eh ben, j’ai t’y perdu une cenne, dans c’t’affaire-là ? oui ou non ? J’ai t’y perdu une cenne ? Non, pas une cenne… L’assurance était ben trop contente de retrouver l’auto. Mon loyer, y me l’ont payé, et le pelletage, aussi, Dieu merci…

Tout de même, depuis, les étrangers qui frappent à la porte, et qui parlent l’anglais, les vieux les reçoivent avec froideur, et beaucoup de méfiance.