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XV

POILU


Chez Pierrot Fleury, il y avait beaucoup d’enfants : des filles, des garçons, et Pierrot était au milieu de l’échelle, entre les grands et les petits.

Il avait onze ans, des yeux gris, de longs cils noirs, un nez retroussé, de larges dents écartées, et des cheveux toujours hirsutes, parce que, par principe, il ne les peignait que le matin. Il n’avait plus ensuite le temps d’y penser. Il était beaucoup trop affairé. Il fallait jouer le plus possible dans ses moments libres, et ces moments libres, il fallait bien d’abord les gagner, en bâclant ses devoirs sur la table de cuisine, et en fréquentant l’école. Car si sa pauvre mère était trop occupée elle aussi, — mais avec sa marmaille, — pour lui inspecter les oreilles et les cheveux plus qu’une fois par jour, la fréquentation de l’école, c’était sacré, il n’y avait pas à badiner sur ce chapitre. L’école, il fallait y aller, et tous les matins et bien à l’heure. Le père et la mère étaient sur cela du même avis.

— Votre instruction, c’est tout ce que vous aurez comme héritage. Profitez-en !