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III

ORANGE ET BLEU


Un énorme bouquet de delphiniums gros bleu et de lis jaune orange fleurissait la table. Toute la lumière du salon était absorbée par ces riches couleurs ; c’était comme dans une église l’autel illuminé, les yeux y revenaient, les yeux ne s’en détachaient pas.

— Vous aviez connu Christiane, dit quelqu’un. Ces fleurs me font penser à elle. Vous aviez vu son petit salon bleu et orangé ?

Si je l’avais vu, son petit salon !

Je regardais de nouveau le grand bouquet, je répondis :

— Mais oui !

Et puis, pendant que le thé finissait dans le brouhaha des opinions toujours entrecoupées, interrompues parce que tout le monde parle à la fois et veut aussi tout écouter et ne rien perdre, je partis en excursion dans ma boîte aux souvenirs et je revis les jours de Christiane et tout un passé déjà très lointain.

J’arrivais en tramway, quand je venais la voir. Je sonnais. La bonne, — le tablier bien frais et