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IV

LE CARÊME D’ISABELLE


Dehors, des enfants déguisés en mardis gras, chantent devant la maison, et poussés par le vent et les rafales, s’en vont ensuite criant sur la route.

Isabelle, Dieu merci, se prépare plus chrétiennement au carême, Isabelle, même à dix ans, a des idées moralement plus élevées.

En rentrant de l’école, elle a demandé une boîte, elle a percé dans le couvercle une fente comme celle de sa « banque ». Et maintenant, elle s’installe sur la table de la salle à manger, sort son sac, ses crayons, son cahier, et en arrache une page, au milieu — où cela ne dérange rien d’en arracher ! — Puis, tout en mangeant de la belle tire d’or, étirée par sa mère pour célébrer le mardi gras, Isabelle commence de méditer les résolutions à prendre pour sanctifier son carême.

La feuille découpée en petites langues de trois pouces de long sur deux de large, elle hésite — oh ! rien qu’une seconde — et elle écrit :

— NE PAS MANGÉ DE TIRE —

Elle plie le petit papier, le fait passer de peine et misère dans la fente trop petite. Alors, aussitôt,