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LA MAISON


Souhait

Je voudrais habiter la campagne, — une maison aux larges fenêtres à espagnolettes, qu’on ouvre à deux battants, pour recevoir tout le vent du matin, tout l’air de la nuit ; pour voir sous un ciel très bleu, matinal, les ramures des arbres dressées, toutes couvertes de givre, brillantes comme de géants candélabres en cristal.

Je voudrais être très tranquille ; je voudrais, mes soucis endormis ou en allés, n’avoir plus qu’à lire, qu’à écrire.

Ma table de travail serait près d’une fenêtre d’où je verrais une rue blanche, une rue de village calme, dominée, bénite, — et moi avec ! — par un clocher.

Personne ou à peu près ne dérangerait de son ombre mouvante cette rue ensommeillée. Rien ne distrairait l’inspiration. À deux mains, je puiserais dans le trésor amassé en moi par la vie ; trésor toujours vivant, coloré, de paysages, de lieux, de foyers, de figures. Trésor où se