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LA MAISON

— Heureusement, maman a beaucoup de charme, soupire Monique, mais que la vie passe…

Et elle voit qu’une des fleurs du bouquet d’iris s’est déjà à demi fanée. Les autres se sont au contraire épanouies et cachent la vieillesse de leur sœur. Monique reprend son livre, se réinstalle. Mais avant de se rapprocher de ces gens plus ou moins sympathiques que les romanciers contemporains sortent de l’ombre, elle jette un nouveau regard de complaisance sur ses fleurs, sur son salon. Tout lui parait agréable. Ce n’est pas riche, mais il y a de l’atmosphère. Aujourd’hui, quand on a dit qu’il y a de l’atmosphère, on a tout dit. Monique, de ce fait, est satisfaite et heureuse. Satisfaite et heureuse, parce qu’elle a de beaux iris, une glace presque magique, — son enfance, sa jeunesse ne sont-elles pas restées derrière le tain ? — et un salon où il y a de l’atmosphère.

Ses amies le lui ont répété, comme elles lui ont répété que ses iris ressemblaient à des orchidées.

Monique, heureuse, baignée de consolantes réflexions personnelles, puériles et importantes à la fois, se replonge dans son livre, avec l’espoir d’apprendre le secret d’autres âmes, d’autres pays…