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AUX PHLOX
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Et cette légion existe. Elle est belle, cette femme. Elle semble bonne ; ses sentiments sont toujours beaux, — ils sont sur le disque, — rien n’est plus tendre, plus éloquent que son sourire ; c’est tout un monde qui nous étonne, nous, les femmes, quand nous le surprenons. Comment pourrait-il ne pas conquérir ? Si elle en avait usé avec nous, sans doute nous plairait-elle aussi ?

Mais elle ne fait jamais tourner ses beaux disques pour nous, et c’est ce qui est vexant. Elle est figée et muette en notre seule présence, et parait tant s’ennuyer sous son sourire au beau fixe. Et les mots drôles qu’elle apprécie, qu’elle récolte, toujours elle les laisse passer sans en rire.

Nous nous vengeons. Entre nous nous l’appelons la Belle et la Bête. Mais nous perdons encore. Nous avons l’air d’être envieuses. Car, en somme, comment douter de son intelligence et de sa haute culture ?