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Délice, tourment d’écrire

Tous croient que vous n’écrivez que pour vous amuser ; que c’est un passe-temps agréable pour les jours d’ennui, mais qu’en somme ce goût, ce n’est rien dans une existence.

Et personne ne sait la vérité, personne ne l’imagine, personne ne comprend que pour vous, écrire est la question primordiale, celle qui règle la joie de vos jours, celle qui, à tout instant, tinte en vous, — comme un reproche, si les soirs achèvent des journées vides, — comme un joyeux son de cloche, si les dernières pages noircies sont bonnes, nombreuses…

Pour tout le monde, les heures les plus belles sont celles qui passent gaiement, les heures faciles et douces. Pour vous, les heures sont parfaites si vous avez travaillé. Autrement un remords secret vous ronge. Le temps que sans écrire vous laissez fuir, toujours vous le regrettez.

Les autres peuvent rire, chanter, danser tant