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AUX PHLOX
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Suite de notre répertoire

Une lampe éclairait la pièce où nous chantions, une lampe à pétrole, suspendue. Nous avions, mes cousines et moi, des robes blanches en broderie anglaise. Mes cousines avaient brodé les leurs, maman avait brodé la mienne. Mes cousines avaient également brodé des ombrelles de la même broderie, copiant des patrons de la « Femme chez elle »…

Les carêmes étaient longs et sérieux dans ce temps-là. Mais je ne jeûnais pas encore, et au lieu de broder, je lisais. Ma majorité me semblait d’ailleurs très loin, et les personnes de vingt et un ans, bien mûres et bien à plaindre.

Mais les ombrelles étaient fermées et le soleil couché, quand nous nous mettions à chanter. Nous étions à la campagne. Lorsque le vent de la rivière fraîchissant avec la nuit, nous poussait vers la maison, le piano, — qui vivait alors ses belles années, ses jours de gloire et d’utilité, — le piano s’ouvrait, les notes s’envolaient et nous chantions.