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LA MONTAGNE D’HIVER

Deux heures durant, ils montèrent, descendirent. Georges continuait à parler pendant qu’ils escaladaient lentement la côte. Il oubliait qu’il n’y avait pas de remonte-pente, il semblait de plus en plus emballé. Pendant qu’ils évoluaient ainsi sur le flanc de montagne, des skieurs passaient sur la piste tracée à la lisière du champ. Chaque fois s’élevait soudain quelque voix joyeuse. Eux aussi fredonnaient. Personne ne pouvait s’en empêcher.


Ils rentrèrent à cinq heures, recrus de fatigue et débordants d’entrain. Louise et Maryse les accueillirent avec des questions qui leur permirent d’exprimer leur contentement. Le feu les accueillait aussi, avec sa bonne odeur de fumée et de résine. Rendus frileux par l’excès de grand air et de lassitude, n’ayant enlevé que leurs bottes et leurs parkas, ils s’allongèrent devant l’âtre. Georges rêvait encore à son avenir :

— Chez nous aussi, nous aurons une cheminée comme la vôtre, cousine. En pierres, comme celle-ci, le foyer sur un palier plus élevé que le plancher.

Les bûches s’entouraient de larges écharpes de flammes qui tournaient, enveloppaient bientôt le bois tout entier, puis, se déroulant d’un coup sec, montaient brusquement, comme un rideau qu’on lève.

— Le spectacle va commencer, dit Georges. Guettez.

Les bûches devenaient le plateau sur lequel évoluaient les figures de ballet. D’un bout à l’autre, coururent les minuscules danseuses, vêtues de voiles bleus, de voiles roses, de voiles verts, jaunes, mauves. Elles passaient, repassaient, virevoltaient, disparaissaient pour surgir ailleurs avec un inimitable imprévu.

— Maryse, ma belle Maryse, vous qui n’êtes point fatiguée, allez donc mettre le disque des Sylphides. Je me