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LA MONTAGNE D’HIVER

je jure devant témoin de ne plus jamais la contrarier… Mais hélas, le ciel ne me donne pas souvent la force de me maintenir dans ce bel état d’esprit. C’est surtout quand elle m’a préparé un bon repas et que je laisse tout dans mon assiette, que nos guerres éclatent. Ma mère est désespérée de voir que les quelques rondeurs qui me distinguaient de mes frères les hommes, soient en train de se résorber !

Et Maryse ponctuait sa phrase d’un grand éclat de rire.


Les longues courbes des montagnes s’appuyaient sur un ciel si bleu, les sommets encore blancs étaient si beaux que Maryse changeait de sujet et s’exclamait.

— Que vivre ici constamment me plairait ! Vous n’en croyez rien, mais c’est vrai. Avec ma voiture, bien entendu, pour aller en ville souvent. Et avec une mère consentante à recevoir à mon gré mes amis, ou mieux, avec l’épaule de Charles retrouvé !

Sa franchise était désarmante ; elle avouait tous les jours sa déception de n’être pas mariée. Ceux qui la rencontraient pour la première fois, s’étonnaient en effet de son célibat. Elle avait tout pour elle. C’était une fort belle femme et son esprit, sa culture, son instruction, dépassaient de beaucoup la moyenne. Soigneusement maquillée, bien coiffée, elle demeurait jeune d’aspect, malgré la quarantaine entamée. Si elle s’arrangeait méticuleusement devant son miroir, elle n’étudiait ensuite aucun de ses gestes, et elle était d’une simplicité et d’un naturel agréables. En société, elle prenait souvent l’avant-scène, mais sans recherche.