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LA MONTAGNE D’HIVER

tes dons intellectuels, tu pourras même espérer la gloire ! Quand je t’écoute, comme tout à l’heure, nous reconstituer les petites scènes de comédie que tu joues avec le Colonel, je suis encore plus convaincue du gaspillage que tu fais de tes talents. Tu as besoin de beaucoup d’argent pour être heureuse ? Une mine d’or est à ta portée. J’en suis certaine. Tu es condamnée à moins sortir, à ne plus marcher ? Tu dois te reposer physiquement ? Dors douze heures par nuit, si tu veux, mais consacre chaque jour deux ou trois heures à l’écriture. Retrouve dans ton étonnante mémoire, ces petits tableaux de mœurs que tu sais si bien rendre vivants, inventes-en pour les compléter. À la Télévision, ton humour aurait un succès certain. Il y a une technique à connaître, une étude à faire, tu es assez brillante pour l’entreprendre.

— Je déteste la télévision, l’écran. Je suis venue chez vous parce que vous n’en aviez pas. Les maisons de mes amies sont devenues embêtantes, depuis qu’il y faut passer les soirées à regarder et à écouter des niaiseries accompagnées de mauvais langage. Je suis contre !

— Tu es injuste. Il y a du bon et du très bon. Et, en tous cas, tu pourrais justement enrichir le répertoire, avec des textes qui représenteraient la classe que tu fréquentes. Ce serait une bonne action. Et qui te sauverait. À ton retour chez vous, va passer des soirées devant l’appareil que ta mère vient d’acheter…

— Pour se consoler de mon absence…

— Et elle sera contente de ta compagnie, de tes réflexions, elle t’aidera d’ailleurs de son intelligence. Écoute, observe les meilleurs sketches. Remarque les procédés qui les rendent intéressants. Les continuels changements de