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LA MONTAGNE D’HIVER

Elle nota en plus ce qu’elle faisait transporter chez sa sœur Hélène, et ce qu’elle laissait aux locataires. Elle surveilla le nettoyage de la maison, avec l’aide d’une femme de ménage qu’elle devait suivre de très près.

Louise Janson l’accueillait à un prix si raisonnable, qu’avec le loyer de son appartement, et le revenu ainsi augmenté de son duplex, elle serait à l’abri des soucis financiers. Son séjour aux Escarpements lui permettrait même de faire des économies.

C’était réconfortant. Malgré tout, pendant que le train l’emportait, elle s’abandonnait à l’angoisse, au doute. Si elle n’aimait pas l’atmosphère de la maison de Louise ? Où pourrait-elle se réfugier, puisqu’elle était désormais liée par le bail de son appartement ?

Au début, elle serait seule invitée, mais lorsque surviendraient les skieurs, pourrait-elle au besoin s’évader ou coûte que coûte, serait-elle forcée de supporter leur compagnie ?

Dans son coin de banquette, elle essayait de se convaincre qu’il lui fallait d’abord du repos et du grand air. Elle en aurait. L’examen médical qu’elle avait dû subir aurait pu l’affoler : menace d’anémie, nerfs tendus à l’excès. Cela, elle n’avait besoin de personne pour le lui dire, elle le sentait, par les accès de fébrilité et les insomnies dont elle était victime.

Si elle ne se soignait pas immédiatement, lui avait déclaré le médecin, c’était le déséquilibre à brève échéance.

Avait-il simplement voulu l’effrayer ? Y avait-il là, la secrète intervention d’Hélène ? Non. Car, abandonnée de nouveau à elle-même, ce matin, elle éprouvait tous les inquiétants symptômes : la même peur folle, l’anxiété constante, et l’horrible dégoût pour tout.

Par la portière, d’une morne tristesse, dénudés, gris, les champs d’arrière automne défilaient. Elle eut brusque-