Page:Le Normand - La Montagne d'hiver, 1961.djvu/84

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
LA MONTAGNE D’HIVER

je voudrais l’être. Je la trouve sans reproche. Économe, excellente cuisinière, ce qui ne gâte rien. Avec moi, elle a surmonté son manque de confiance en elle, elle a vite dominé ses nerfs. Grâce à son peu d’exigence, j’ai pu la garder, et j’ai fini par remplir les conditions que son annonce exigeait. Nous habitons la campagne. Je n’ai pas la prétention d’avoir mérité moi-même une intervention surnaturelle. Mais il y avait les prières des Bénédictines, d’un côté, et de l’autre, celles que faisait Marie pour réussir à se placer dans des conditions spéciales. « Demandez et vous recevrez », a dit le Seigneur. Je t’assure que lorsque nous avons besoin de secours et que nous prions en nous soumettant d’avance à un refus, les anges s’en mêlent !

— Je n’ai pas prié, moi, pour trouver mon costume de ski, et être inspirée d’écrire à Mademoiselle Janson aux Escarpements…

— D’autres priaient pour toi. Le miracle, il ne faut pas toujours des attestations médicales pour le constater dans nos vies. Tu reconnais que Marie, à notre époque, en est un ? Et je suis un miracle pour elle, paraît-il. Avec moi, elle peut maîtriser ses réactions maladives, ses subites lassitudes, ses humeurs noires. Elle sait que je l’aime, que je la comprends. Dans une famille ordinaire, elle ne pourrait pas exécuter tout son travail. Ici, elle y réussit. Après un surcroît de besogne, elle va passer chez elle quinze jours. Quand elle revient, elle est si contente qu’elle chante continuellement. C’est de l’amitié que nous avons l’une pour l’autre. Elle le sait. Et pourtant, tu as remarqué à quel point elle est discrète ? Si je veux lui parler, je vais la trouver. Elle reste à sa place. Il n’y a pas entre nous d’inégalité. Moralement, elle m’est supérieure. Mais elle sait que la vie commune a des lois qu’il faut observer. Oui,