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LA MONTAGNE D’HIVER

— C’est par là que l’on peut se perdre dans la nuit, dit en riant Jules.

— Et de ma chambre, je prends, moi, mes inutiles leçons de ski.

Un professeur guidait justement les évolutions de quelques jeunes. Une large pente descendait jusqu’au lac. Des skieurs la sillonnaient, traçant un lacet de virages que Madeleine pouvait apprécier.

— La belle côte ! s’exclama-t-elle.

— J’aurais dû te le dire. Tu aurais pu apporter tes skis et l’essayer. Mais tu comprends que le ski est loin de ma pensée. Tu reviendras déjeuner, nous ne ferons pas de promenade en carriole, et tu étrenneras nos champs de neige…


Avec ses faux airs rustiques, la salle à manger était attrayante. Les serveuses étaient charmantes avec leurs bonnets normands, leurs jupes paysannes, leur tenue soignée. La table placée près d’une des larges baies, leur permettait de continuer à admirer le paysage et les skieurs les plus persévérants. Madeleine se sentit soudain détendue. Elle parla avec une animation qui ne lui était pas coutumière.

Ils achevaient les hors-d’œuvre quand, se détournant, Madeleine vit un homme en costume de ski qui s’approchait d’eux la figure rouge d’air et de soleil, et un grand sourire aux lèvres.

— Ta table est boiteuse, Jules. Tu devrais m’inviter, chuchota-t-il, tout en saluant Jeanne et en jetant un œil interrogateur du côté de Madeleine.

— Si mes « femmes » n’y voient pas d’objection…