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Page:Le Nouveau chatouilleur des dames, 1880.djvu/17

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IX

dégénéra en hérésie, les flagellants se confessèrent les uns aux autres et se donnèrent l’absolution quoique laïques. Mais ce qu’il y eut de plus déplorable dans ces grandes réunions, où des jeunes hommes et des jeunes filles pouvaient se voir sans vêtements, ce furent des scènes de débauche, de sodomie et d’inceste, entre des frères et des sœurs, des mères et des fils ; aussi la secte des flagellants tomba dans le mépris public et fut bientôt anéantie[1].

On a vu que dès le XIe siècle l’usage de fustigation sur le derrière s’était introduit dans la plupart des communautés religieuses et faisait partie des règles disciplinaires. Il y avait dans cet acte même un raffinement de cruauté et de lubricité particulier à tous les êtres vivant en dehors des lois naturelles et dont le sens moral s’oblitère peu à peu. Au temps de la révocation de l’édit de Nantes, les religieuses chez qui l’on enfermait les jeunes filles protestantes arrachées à leur famille pour les contraindre d’embrasser la foi catholique, les fouettaient rigoureusement si elles se refusaient à entendre la messe ou à se soumettre à la confession, d’abord en cellule, puis devant le couvent réuni et enfin, si elles persistaient dans leur entêtement, l’abbesse requérait en vertu d’une autorisation royale l’aide d’une compagnie de grenadiers ou de dragons et l’exécution se faisait, militari manu en présence d’un officier

  1. Histoire des Papes, par Maurice La Châtre.