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Page:Le Nouveau chatouilleur des dames, 1880.djvu/36

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LETTRE I

branches aux jeunes bouleaux qui croissaient sur le rivage et me forçant à quitter mes vêtements, se mettait à essayer sur mon derrière cette verge improvisée.

Mais, dans ces occasions, elle le faisait toujours par manière de jeu et sans intention, évidemment, de me faire mal. Il lui arrivait même d’ôter son propre costume qui gênait ses mouvements et de s’armer d’une verge, tandis qu’elle me permettait d’en faire autant. Nous nous pourchassions alors dans l’eau ou sur le sable fin et quand l’une de nous était parvenue à attraper sa compagne, elle ne manquait pas de fustiger vigoureusement la fugitive sur les fesses et sur les cuisses, avec les branches vertes et tendres.

Comme nous pratiquions ce jeu fréquemment, je finis par remarquer que ma tante choisissait toujours pour cela un emplacement situé exactement en face d’un épais bosquet qui dépassait un peu le rivage ; elle fixait, en outre, de chaque côté du bois, une limite qu’il n’était pas permis de franchir, en sorte qu’en nous poursuivant l’une l’autre, nous étions toujours obligées de passer tout près de la lisière des arbres. Une fois même, je fus quelque peu effrayée d’avoir cru y remarquer un léger mouvement comme si quelqu’un avait passé à travers les buissons, mais ma tante se moqua de moi et me dit que ce n’était qu’un lièvre sautant dans le bois ; en même temps