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Page:Le Parnasse contemporain, I.djvu/103

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A toute heure on sent là les mystères du soir :
Autour de la statue impassible on croit voir
Deux à deux voltiger des flammes ;
L’esprit du souvenir pleure en paix dans ces lieux ;
C’est là que malgré l’âge et les derniers adieux
Se donnent rendez-vous les âmes,

Les âmes de tous ceux qui se sont aimés là,
De tous ceux qu’en avril le dieu jeune appela
Sous les roses de sa tonnelle ;
Et sans cesse vers lui montent ces pauvres morts ;
Ils viennent, n’ayant plus de lèvres comme alors,
S’unir sur sa bouche éternelle.




LES ÉCURIES D’AUGIAS

POÈME


Augias, roi d’Élis, avait trois mille bœufs.
Plein d’aise en les voyant il chérissait en eux
Le bien qu’avaient accru ses longs jours économes.
Mais le Destin jaloux en veut au bien des hommes :
Les murs où s’abritait le mugissant bétail,
Désertés, n’étaient plus qu’un vaste épouvantail,
Car des ruisseaux vaseux de la vieille écurie
Surgissait une blême et terrible Furie :