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Page:Le Parnasse contemporain, I.djvu/206

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LE PARNASSE CONTEMPORAIN


LUNE D’HIVER


A travers le réseau des branches que l’hiver
Trace avec la vigueur des dessins à la plume,
La lune, comme un feu qui dans le ciel s’allume,
Montait, luisant au bord du bois couleur de fer.

Tu manquais à mon bras, mignonne, et ton pied cher
A qui marcher fait mal et qui n’a pas coutume
D’aller loin, sur la bande étroite du bitume
Ne faisait pas crier le sable fin et clair.

Pourtant lent et distrait, sous cette grande allée,
Où le bruit de mes pas fait partir la volée
Des rêves vers le sourd abîme de l’azur,

Je crus qu’auprès de moi palpitait quelque chose,
Et, me tournant pour voir rire ta bouche rose,
Je vis mon ombre longue et triste sur le mur.




L’IMAGE


Comme la main distraite et qui n’a pas de thème
Précis, par la vertu secrète d’un aimant,
Décrit, sans y songer et machinalement,
Un contour au hasard jeté, toujours le même ;

Ainsi va ma pensée, et l’éternel problème
De l’amour la ramène à tracer constamment
Dans le cadre naïf d’un ovale charmant
Un sourire indécis et les chers yeux que j’aime.