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Page:Le Parnasse contemporain, I.djvu/216

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Contre un poteau mon front s’appuie ;
En haut un homme est empalé.
Mordant mes haillons, une truie
Pousse un grognement désolé.

De l’eau tombe, froide et gluante,
D’un ciel noir comme le remords ;
Une vermine remuante
Ronge mon corps pareil aux morts.

Cependant, couverte d’un voile
Qui l’enroule en plis gracieux,
Jetant une lueur d’étoile,
Une forme sort de mes yeux.

Avec lenteur elle s’allonge,
Elle s’éloigne lentement,
Vers la fange où mon corps se plonge
Tournant la tête par moment.

A l’horizon quand elle arrive,
Voici que le noir horizon
D’une immense lueur s’avive,
S’épanouit en floraison.

Parmi les lys à tige fière,
Les jasmins, les rosiers moussus,
Serpente une large rivière ;
Une barque ondule dessus.

Barque à courbure égyptienne
Avec figures aux deux bouts ;
En poupe, une musicienne
Tient sa harpe sur les genoux.