Page:Le Parnasse contemporain, I.djvu/225

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L’ATTELAGE




Sur la route creusée aux flancs de la colline,
Sur la route qui va d’Orthosie à Milet,
Traîné par deux bœufs blancs dont le garrot s’incline
Et s’élève en cadence, un chariot roulait
Pesamment. — Et lanière aux reins, aux flancs la pique,
Les bœufs gravissaient, lents et courbés, la hauteur,
Mêlant au bruit du char leur haleine rhythmique,
Et leurs longs meuglements aux cris du conducteur.
C’était un fier jeune homme au corps souple et robuste,
Ses muscles saillaient durs sur ses bras nus et blancs ;
Et le soleil dorait les lignes de son buste,
Et ses cheveux égaux sur son cou ruisselants.
Il menait l’attelage et dirigeait les roues.
Son frère à ses côtés courait, beau comme un dieu,
Ayant aux yeux la flamme et la jeunesse aux joues,
Il piquait les grands bœufs tardifs de son épieu.
Derrière eux reposait sur un trépied d’érable,
Une femme encor belle, et comme Démèter
Féconde, ayant des fils qui la font vénérable.
Son œil luisait, limpide et bleu, comme l’éther.
Tels qu’un marbre taillé par Phidias d’Athènes,
Elle admirait ses fils aux bras hérakléens. —