Page:Le Parnasse contemporain, I.djvu/231

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Et quand il voyait sangloter
Un homme, on l’entendait chanter :
Ce n’est rien ; tout chagrin s’apaise.
Allons, fossoyeur, fais des nids,
Nuls grands malheurs ne sont finis ;
Morts, nous serons bien plus à l’aise.

J’écoute avec un plaisir fou
Les rossignols et le coucou ;
Ils font leurs tombeaux sur un arbre.
Les rossignols chantent le jour,
Mais le coucou chante l’amour.
Moi, je suis la statue en marbre.

Je ne dirai rien désormais ;
Je ne sais plus ce que je sais.
Marins, qu’est-ce que la boussole ?
J’ai perdu celle que j’aimais !
Si j’étais mort, je danserais,
Voilà tout ce qui me console.

Une belle lui dit : Pourquoi
Ne veux-tu donc pas être à moi ?
Le fou lui répondit : Madame,
Je pleure et j’attends son retour,
J’ai perdu mon chien, l’autre jour…
Une autre femme a pris mon âme.

Hélas ! il ne me reste rien.
Ma raison, même, dernier bien,
Je sens parfois qu’elle succombe.
Oh ! si j’avais ce bonheur-là !
Chut !… chut !… regardez, la voilà
Là-bas !… Elle creuse ma tombe.