Page:Le Parnasse contemporain, I.djvu/286

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LA SAINT-JEAN


Timide, il me souvient qu’un jour je l’ai menée
Sur la terrasse haute au splendide coup d’œil,
Où jadis un château gothique sous l’orgueil
De ses tours a tenu la plaine dominée.

C’était en juin, le mois le plus doux de l’année,
Le soir de la Saint-Jean… Les étoiles, au seuil
Du ciel bleu, surgissaient pâles et comme en deuil,
La plaine de grands feux s’étant illuminée.

Sur les hauteurs, avec des rougeurs de tison,
D’autres brasiers lointains enfumaient l’horizon :
Et le fleuve, au milieu, déroulait ses méandres ;

Et, tandis qu’à mon bras pesait un bras peureux,
Sans ombre scintillaient des fanaux amoureux
Vers les blondes Héros invitant des Léandres.


LÉON VALADE




TRISTESSE D’ÉTÉ


Le soleil, sur le sable, ô lutteuse endormie,
Pour l’or de tes cheveux chauffe un bain langoureux,
Et, consumant l’encens sur ta joue ennemie,
Il mêle avec les pleurs un breuvage amoureux.

De ce blanc Flamboiement l’immuable accalmie
T’a fait dire, attristée, ô mes baisers peureux,
« Nous ne serons jamais une seule momie
Sous l’antique désert et les palmiers heureux ! »